L’ŒIL DES EXPERTS : La télémédecine
jeudi 20 décembre 2018
Depuis le 15 septembre 2018, la téléconsultation est prise en charge par l’Assurance Maladie. Il est donc désormais possible de consulter son médecin chez soi, sans que celui-ci ne se déplace. Les consultations médicales sont effectuées en vidéoconférences sécurisées et peuvent être remboursées, au même titre qu’une consultation en cabinet. Mode d’emploi, avantages, inconvénients : nous vous livrons les clés de la télémédecine sous le regard avisé de Bernard, médecin coordinateur Prévia.
« Depuis des années, j’accompagne médicalement les bénéficiaires à distance avec une écoute spécifique et rassurante mais sans rentrer dans le soin qui est géré par l’équipe soignante habituelle. En tant que médecin coordinateur, je constate à travers mon activité, la qualité de la communication exclusivement par téléphone.
En effet, il s’avère que ce mode de communication enrichit le dialogue et permet de focaliser l’attention des interlocuteurs sur l’écoute plutôt que sur le visuel.
Par ailleurs, j’ai pu expérimenter l’efficacité de la télémédecine d’urgence dans l’équipe médicale accompagnant les grandes courses de bateau tels que le Vendée Globe et la Route du Rhum. »
MODE D’EMPLOI
Qui est concerné ?
Pour pouvoir téléconsulter, il faut faire appel à son médecin traitant. Celui-ci devra avoir déjà vu le patient dans les douze mois précédant la demande de consultation à distance qui s’effectue sur rendez-vous, pour en exclure les urgences. Libre au praticien, avant ou pendant l’examen, de décider si l’état du patient nécessite une auscultation.
Équipement
Ordinateur, tablette et webcam. Le médecin vous interroge comme s’il était face à vous.
Moyen de communication
- Le courrier électronique ; cependant lorsque vous écrivez à votre médecin, vous ne devez pas vous attendre à une réponse instantanée.
- Le téléphone et la vidéoconsultation qui permettent un échange immédiat.
Déroulé
Entretien avec le patient, examen des documents transmis par le patient ou son représentant. Tout se déroule par une connexion sécurisée grâce au lien que le médecin vous a envoyé au moment de la prise de rendez-vous.
Tarif
Les actes de téléconsultation (de 23 à 70 euros) sont valorisés dans les mêmes conditions que les consultations classiques.
Types de téléconsultation
- Soit un échange entre un professionnel de la santé et un patient qui se connaissent, cela peut être un simple coup de téléphone entre un médecin et son patient.
- Soit des soins donnés à un patient que le professionnel ne connait pas, un exercice plus difficile.
AVANTAGES
- Lutte contre les déserts médicaux en offrant ainsi aux patients la possibilité d’accéder à des soins appropriés sans avoir nécessairement besoin de ne se déplacer physiquement ni patienter longuement pour recevoir le premier praticien disponible.
- Maîtrise du coût et la maximisation du gain de temps
- Les motifs de consultation les plus fréquents sont bénins : les inflammations (fièvres, rhume, toux, maux de gorge, gêne oculaire), les problèmes digestifs, les affections de la peau (éruption cutanée, acné, allergie) mais aussi les maux de tête ou les troubles du sommeil. De nombreux patients consultent également pour un renouvellement d’ordonnance ou un suivi de résultats d’analyses sanguines.
- La télémédecine peut faciliter l'accès aux soins de personnes pour qui consulter des spécialistes notamment s'avère compliqué, comme les détenus. Le fait de devoir sortir un détenu de prison pour l’emmener à l'hôpital est une opération longue et complexe. Dans ce type de situation, la télémédecine se révèle tout a fait appropriée.
INCONVÉNIENTS
- La télémédecine ne peut se suffire à elle-même et doit être complétée par des soins réalisés directement en face à face. La raison en est simple, la médecine repose sur 4 principes majeurs : l’interrogatoire, l’observation, la palpation et l’auscultation. Si l’interrogatoire peut être réalisé à distance à l’aide du téléphone, et l’observation (à la limite à l’aide de la visioconférence), la palpation et l’auscultation ne peuvent malheureusement pas être effectuées à distance. Qu’on le veuille ou non, « le numérique ne remplacera jamais un médecin. »
- Les problèmes techniques pouvant être liés à l’informatique (connexion lente ou instable, résolution basse qualité, etc…)
- Certaines populations (notamment les personnes âgées) peuvent être réticentes à avoir recours à ce type de médecine (difficulté d’utilisation ou méfiance envers la confidentialité)
- Le lien unique existant entre un médecin traitant et son patient peut difficilement être remplacé par la télémédecine. En effet, un généraliste est souvent plus qu’un médecin et a parfois un rôle social que l’on peut difficilement imaginer par consultation vidéo.
En CONCLUSION
Il est indéniable que la télémédecine est amenée à se développer et à modifier les pratiques médicales ainsi que les habitudes des patients. Toutefois, l’accroissement actuel des plateformes de télémédecine interroge sur un risque d’ubérisation des prestations médicales.
Par Clément Guérin