POURQUOI LE PRÉSENTÉISME EST VOTRE ENNEMI
lundi 8 avril 2019
On entend souvent parler d’absentéisme au travail, notion dont la définition semble évidente.
En revanche, savez-vous ce qu’est le présentéisme ?
Par opposition, il serait tentant de penser qu’il s’agit de « la personne présente au bureau, payée à ne rien faire ». Or, la réalité est plus complexe et montre qu’il s’agit d’une véritable maladie du travail, difficile à décrypter. Pourtant, le présentéisme continue à être bien vu en entreprise, et particulièrement en France. Nous vous proposons un tour d’horizon avant d’évoquer quelques pistes pour qu’il ne soit plus une fatalité.

Définition et tour d’horizon
Le présentéisme caractérise une situation où un salarié est physiquement présent sur son lieu de travail alors que son état physique, mental ou sa motivation ne lui permettent pas d’être pleinement productif.
Il peut revêtir plusieurs visages :
Le présentéisme contemplatif
Définition
- Consiste à être présent au travail mais à ne pas travailler efficacement.
- Symptomatique d’une souffrance ou d’une démotivation (bore-out).
Pourquoi est-ce contre-productif ?
Le salarié est rémunéré par l’employeur sans s’investir ou en faisant le minimum. L’employeur verse donc un salaire sans obtenir la productivité attendue.
Le présentéisme stratégique
Définition
- Consiste à faire des journées à rallonge à dessein de montrer qu’on est là et d’être vu.
Pourquoi est-ce contre-productif ?
Le salarié peut être considéré comme incapable de réaliser son travail pendant les horaires normaux. Les horaires à rallonge entraînent du stress et de la fatigue et ne favorisent pas l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle.
Le surprésentéisme
Définition
- Consiste à continuer à travailler, voire à faire des heures supplémentaires alors qu’on est fatigué ou malade.
- S’apparente à un sur engagement chronique motivé par diverses raisons : perfectionnisme, culture d’entreprise, charge de travail excessive…
Pourquoi est-ce contre-productif ?
Lorsque le présentéisme cache un stress important ou une démotivation, il peut être contagieux pour les autres collaborateurs, multiplier les pertes de productivité et augmenter le désengagement.
Dans les faits, il est intéressant de voir comment s’illustre ce phénomène et quelles différences apparaissent selon les cultures.
EN FRANCE
À L’ÉTRANGER
Le présentéisme est encore très ancré dans la culture managériale :
- On valorise les heures supplémentaires passées au travail (plus de 50 % des salariés effectueraient des heures supplémentaires sans être payé).
- L’excès de présence est perçue comme un signe de productivité et de motivation
- Exemple 1 : lorsque vous devenez cadre, vous avez tendance à légitimer le poste en allongeant vos journées
- Exemple 2 : venir au travail en étant malade est considéré comme un acte héroïque
L’appréciation du travail est plutôt quantitative (au temps passé) que qualitative.
- Aux Etats-Unis, si un collaborateur part à 19h30, tout le monde lui demande pourquoi il n’est pas plus efficace.
- En Suède : l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle est beaucoup plus ancré dans les habitudes : on travaille 8 heures, on passe 8 heures en famille, on dort 8 heures.
- Au Japon, le présentéisme est une mauvaise habitude, devenue dramatiquement dangereuse : 1 personne sur 5 risque de mourir de surmenage au travail.
Selon les cultures, on entrevoit clairement deux conceptions de management :
Le management du contrôle
où le temps passé au bureau permet d’apprécier la productivité.
Le management basé sur la confiance :
le temps de travail n’est pas le problème du moment que le travail est fait.
QUELLES PISTES ?
Le présentéisme traduit donc un dysfonctionnement de l’entreprise, nocif à la fois pour la santé du collaborateur et pour la productivité de l’entreprise.
Comment y remédier ?
- Manager par la confiance et adopter une attitude exemplaire
- Agir en amont : par le biais de formations ou d’accompagnement
- Repenser l’organisation du travail :
- être ferme sur les horaires
- ne pas organiser de réunion après 16h
- ne pas envoyer de mails le soir
- instaurer le droit à la déconnexion
- autoriser le télétravail comme alternative à l’absence totale, etc…
EN CONCLUSION
Par Clément Guérin