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Jusqu’où va le rôle du manager face au harcèlement ?
Protéger, écouter, arbitrer… mais à quel prix ? Le manager est souvent le premier à encaisser. Et si prendre soin des autres commençait par prendre soin de lui …
Jusqu’où va le rôle du manager face au harcèlement ?
Protéger, écouter, arbitrer… mais à quel prix ?
Le manager est souvent le premier à encaisser.
Et si prendre soin des autres commençait par prendre soin de lui ?
Le harcèlement au travail ne commence pas toujours par des cris ou des gestes.
Souvent, il s’installe dans les silences, les tensions du quotidien ou les remarques qu’on finit par trouver “habituelles”.
Et quand la parole se libère, elle bouleverse tout : la personne qui parle, celle qui écoute, et parfois tout le collectif.
Dans ces moments, le manager devient un acteur clé de la prévention du harcèlement.
Il écoute, il observe, il soutient… mais il porte aussi une charge émotionnelle forte, souvent dans la solitude.
Entre responsabilité, empathie et devoir d’agir, il se retrouve à la croisée de l’humain et de l’organisationnel.
Dans cet article, découvrez : ce que vivent les managers, RH et équipes lorsqu’une situation de harcèlement émerge, pourquoi la parole est si difficile à libérer et à recevoir, et comment Prévia accompagne les entreprises pour prévenir, enquêter et réparer sans perdre l’humain de vue.
Parce que prévenir le harcèlement, ce n’est pas seulement former ou enquêter. C’est aussi apprendre à écouter, à se protéger et à recréer la confiance, pas à pas.
“Quand il m’a dit qu’il subissait du harcèlement, j’ai d’abord pensé qu’il exagérait un peu, tu vois… que c’était un désaccord de plus entre collègues, comme on en gère tout le temps. Et puis j’ai vu son regard. Ses mains tremblaient. Là, j’ai compris que ce n’était pas juste un conflit.
Franchement, je ne savais pas quoi dire. On a beau être manager, on n’est jamais prêt à ça. Je me suis sentie un peu bloquée… peur de mal répondre, peur d’en faire trop ou pas assez. Et puis cette impression que tout ce que je dirais allait compter, que je ne pouvais pas me rater. Mon premier réflexe, ça a été de l’écouter, tout simplement.
Mais après… c’est là que ça devient flou. Tu te poses mille questions à la seconde : je fais quoi maintenant ? J’en parle à qui ? Et comment je peux le protéger sans trahir sa confiance ? Ce jour-là, j’ai compris à quel point ce rôle, il pèse aussi émotionnellement. Ce n’est pas juste gérer une équipe… c’est porter les histoires, les blessures parfois, des autres.”
Par respect, pour celles et ceux qui ont accepté de partager leur expérience, les témoignages recueillis ont été anonymisés afin de garantir la confidentialité des personnes interrogées
Former ses managers à la prévention : repères, posture, limites
Beaucoup de managers ne voient pas venir la violence psychologique. Entre les non-dits, les tensions banalisées et les zones grises du quotidien, le mot harcèlement agit comme un électrochoc. En un instant, la situation bascule d’un simple désaccord à une réalité humaine lourde, chargée d’émotions et de conséquences.
Ici, on comprend bien que le manager qui témoigne découvre brutalement la gravité de la situation. Sa réaction (entre surprise, peur de mal faire et besoin d’agir) illustre ce que vivent beaucoup de managers lorsqu’ils se retrouvent face à un signalement pour la première fois : le doute, la sidération, puis la responsabilité.
Recevoir cette parole, sans y être préparé, est un moment de déséquilibre émotionnel fort. Peur de mal faire, peur d’en dire trop ou pas assez… Derrière le professionnalisme, il y a souvent une forme de sidération.
Cette réaction, loin d’être un signe de faiblesse, rappelle combien le rôle du manager ne s’improvise pas. Être en première ligne face au mal-être, c’est à la fois noble et exigeant.
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Un accompagnement conçu pour renforcer la posture préventive des managers et leur donner des repères concrets face aux situations sensibles.
“Je l’ai écoutée. Longtemps. Sans l’interrompre. On sentait qu’elle en avait gros sur le cœur, qu’elle gardait ça depuis des mois.
Quand elle est partie, j’ai refermé la porte doucement. Et là, j’suis resté assis un bon moment, sans bouger. Le bureau paraissait vide, presque froid. C’est étrange… j’avais l’impression que tout ce qu’elle venait de dire flottait encore dans l’air.
J’ai repensé à chaque mot, à son visage, à la confiance qu’elle venait de me donner. On dit souvent que parler, ça libère — et c’est vrai. Mais pour celui qui écoute… c’est autre chose. Tu prends la vague en pleine figure.
Tu deviens le dépositaire d’une souffrance, sans vraiment savoir quoi en faire. Et tu te rends compte que c’est pas juste une affaire de procédure ou de RH. C’est une histoire humaine, brute, qui te touche là où t’étais pas préparé.”
Par respect, pour celles et ceux qui ont accepté de partager leur expérience, les témoignages recueillis ont été anonymisés afin de garantir la confidentialité des personnes interrogées
Préserver la santé mentale du management : supervision, pairs, dispositifs interne
Quand la porte se referme, il reste souvent le poids du récit. Le manager devient témoin d’une souffrance qu’il ne peut pas ignorer, dépositaire d’une parole qu’il ne sait pas toujours porter. Cette solitude professionnelle est l’un des angles morts de la prévention du harcèlement.
Dans son témoignage, ce responsable RH raconte ce moment suspendu après l’entretien, ce silence lourd où tout semble retomber d’un coup.
Cette image illustre bien la charge émotionnelle invisible qui pèse sur ceux qui reçoivent la parole : une forme de responsabilité silencieuse, souvent vécue dans l’ombre
Les témoins internes — managers, RH, référents QVCT — absorbent une part invisible du choc émotionnel. Ils doivent écouter, accueillir, protéger… souvent sans espace pour déposer, à leur tour, ce qu’ils reçoivent.
👉 Former, soutenir et accompagner les managers, c’est aussi une forme de prévention. Car la santé mentale de ceux qui écoutent conditionne leur capacité à protéger les autres.
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“Je me suis sentie complètement démunie, vraiment. J’avais peur de mal réagir, de dire un mot de trop… ou pas assez. Il venait de me confier quelque chose de lourd, et je voyais bien à quel point ça lui coûtait d’en parler.
Tu sais, on parle souvent du courage de celui qui ose parler — et c’est vrai, c’est immense. Mais sur le moment, celui qui écoute, il tremble aussi. Parce qu’il ne veut pas casser ce lien fragile, ni aggraver ce qui est déjà compliqué.
Dans ma tête, tout allait à cent à l’heure : est-ce que je dois prévenir quelqu’un ? Est-ce que je vérifie d’abord ? Et comment je fais pour ne pas le mettre encore plus en difficulté ?
C’est un drôle de mélange, entre instinct, peur et bienveillance. Tu veux faire bien, tu fais au mieux… mais t’es jamais sûr. Et c’est ça le plus dur : savoir que t’as une responsabilité, sans toujours avoir les bons repères pour la tenir.”
Par respect, pour celles et ceux qui ont accepté de partager leur expérience, les témoignages recueillis ont été anonymisés afin de garantir la confidentialité des personnes interrogées
Du doute à l’action : orienter sans juger, protéger sans trahir
Recevoir une parole de harcèlement, c’est être confronté à l’incertitude totale : que dire ? que faire ? à qui en parler ? Ce moment de flottement révèle la fragilité du cadre d’action du manager.
Le témoignage de ce manager illustre parfaitement cette tension intérieure : la peur de mal réagir, la crainte de dire une phrase de trop ou de ne pas trouver les bons mots. Elle met des mots sur une émotion que beaucoup de managers partagent : vouloir bien faire, mais douter de la juste manière d’agir.
Sans formation spécifique, il oscille entre l’instinct protecteur et la crainte de mal agir. Cette hésitation peut retarder la réaction de l’entreprise, mais elle souligne surtout un besoin fondamental : celui d’un soutien clair, d’un cadre de confiance et d’un accompagnement.
Prévia forme et accompagne les entreprises pour que ces situations ne reposent pas sur un seul individu, mais sur une culture collective de prévention et de signalement sécurisé.
À découvrir :
“Ce n’était pas la première fois qu’un salarié venait me parler d’une situation compliquée, mais là… je sentais que c’était différent.
Sa voix tremblait, et dans son regard, il y avait ce mélange de honte et de colère. Tu ressens tout, même sans les mots.
Avec le temps, j’ai compris qu’on ne s’habitue jamais à ces moments-là. Même quand on croit avoir de l’expérience, chaque histoire vient te chercher autrement.
J’ai mis longtemps à comprendre qu’il fallait que moi aussi, j’en parle. Qu’on ne peut pas tout garder pour soi. J’ai commencé à m’appuyer sur d’autres, à demander du soutien, à partager ce que je vivais. Parce qu’à force de vouloir tout contenir, tu t’épuises.
Être manager, c’est un peu ça : tenir la barre quand la tempête arrive… mais savoir aussi quand demander de l’aide avant de chavirer.”
Par respect, pour celles et ceux qui ont accepté de partager leur expérience, les témoignages recueillis ont été anonymisés afin de garantir la confidentialité des personnes interrogées
Avec l’expérience, certains managers apprennent à prendre du recul, à s’appuyer sur d’autres. Mais beaucoup continuent à tout garder pour eux, par loyauté, pudeur ou habitude. Écouter, accueillir, gérer… sans soutien, c’est souvent le début d’un épuisement émotionnel discret mais profond.
Le témoignage de ce RH du secteur du service illustre bien cette réalité : il parle de cette fatigue intérieure, accumulée à force de vouloir tout contenir seul. Sa prise de conscience — “j’ai appris à en parler, à demander du soutien” — met en lumière l’importance de s’appuyer sur le collectif pour prévenir l’usure professionnelle.
Cette usure compassionnelle reste un tabou dans de nombreuses organisations. Pourtant, elle impacte directement la santé mentale des managers et, à terme, la performance collective. C’est là que les démarches de prévention prennent tout leur sens :
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Le harcèlement au travail ne se résume pas à l’enquête. C’est un processus long, qui va de la prise de parole à la réparation du lien collectif. Et dans chaque étape, le manager a un rôle pivot : écouter, relayer, soutenir, orienter — sans jamais rester seul.
Les entreprises qui agissent durablement sont celles qui ont su créer un environnement où parler n’est pas un risque, mais un réflexe.
Un climat où l’on peut dire “je ne vais pas bien”, sans craindre pour sa carrière ou son image.
Et si la performance durable passait d’abord par la permission d’être humain ?
Reconnaître sa vulnérabilité, pour un manager, ce n’est pas renoncer à son autorité – c’est affirmer sa maturité professionnelle.
Apprendre à écouter, à se protéger, à demander de l’aide : autant de compétences relationnelles qui font aujourd’hui partie intégrante de la prévention des risques psychosociaux.
Parce qu’il y a deux courages dans la prévention du harcèlement :
celui de dire… et celui d’entendre.
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